Revue de presse Sept. 2006

Publié le par SYLCOL

Voici quelques articles tirés du Figaro du 4 septembre

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Une rentrée scolaire pleine de nouveautés

M.-E. P. .

Publié le 04 septembre 2006

Actualisé le 04 septembre 2006 : 14h55

Socle commun de connaissances, établissements «ambition réussite», réforme de la lecture, apprentissage à 15 ans : le millésime 2006 est marqué par les changements.

PLUS de dix millions d'élèves doivent effectuer leur rentrée scolaire aujourd'hui, tandis que deux millions ont déjà repris le chemin de l'école dans le cadre de la semaine de quatre jours. C'est aussi la rentrée des syndicats : déjà cinq fédérations d'enseignants ont appelé à une journée de grève et de manifestation le 28 septembre pour dénoncer les suppressions de postes. Si le Snes, principale organisation du secondaire, pense pouvoir mobiliser sur la lancée du mouvement anti-CPE, l'UNSA, plus circonspect, estime que «le traumatisme de 2003 et l'échec de la bataille contre la réforme des retraites est toujours présent».

 

La rentrée verra aussi le retour des enfants scolarisés de sans-papiers. Ceux dont les parents ont été déboutés sont menacés d'interpellation. D'autres ne savent pas encore le sort réservé à leurs parents. Sur 30 000 dossiers déposés, 6 000 selon le ministère de l'Intérieur, devraient donner lieu à des régularisations.

Un bagage «minimal»

L'Éducation nationale va s'efforcer de mettre en place les nombreuses nouveautés annoncées pour l'année scolaire. Le plan de relance de l'éducation prioritaire que Gilles de Robien a engagé après les émeutes de banlieue en novembre dernier prévoit de concentrer davantage de moyens sur les établissements confrontés aux plus grandes difficultés. Dans 249 collèges classés «ambition réussite», les élèves verront l'arrivée de 3 000 assistants pédagogiques, de 300 infirmières et d'un millier d'enseignants supplémentaires expérimentés.

La formation d'«apprenti junior» créée par la loi pour l'égalité des chances en mars dernier s'adresse quant à elle aux élèves en difficulté dès l'âge de 14 ans. Elle prévoit la possibilité de signer un contrat d'apprentissage à partir de 15 ans. Quelque 15 000 apprentis juniors devraient être accueillis, soit 5 000 de plus que le dispositif préexistant.

Gilles de Robien a par ailleurs fait modifier les programmes du primaire sur la lecture, son cheval de bataille. Une mesure décriée par les enseignants mais acclamée par les parents : à partir de la rentrée, son apprentissage débutera systématiquement selon la méthode syllabique.

La plupart des autres mesures annoncées découlent de la loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école, mise en place par François Fillon en 2005. Le socle commun de connaissances et de compétences va être progressivement appliqué après une profonde réforme des programmes. Ce bagage «minimal» qu'est censé posséder un élève à l'issue de sa scolarité obligatoire insiste sur la maîtrise de la langue française, d'une langue vivante étrangère, des principaux éléments de mathématiques et d'une culture scientifique et humaniste. Cette année, l'acquisition de la lecture fera l'objet d'une évaluation en CE 1, dans le cadre de ce «socle commun». Les plus mal notés bénéficieront des programmes personnalisés de réussite éducative, expérimentés en 2005-2006 et qui doivent être généralisés.

 

 

 

 

 

 

Gilles de Robien : «Modifier l'apprentissage du calcul et de la grammaire»

Propos recueillis par Christine Ducros et Marie-Estelle Pech .

Publié le 04 septembre 2006

 

Le ministre de l'Éducation veut réhabiliter le calcul mental et simplifier les manuels de grammaire.

Alors que les syndicats dénoncent une pénurie de postes d'enseignants dans le budget 2007, le ministre de l'Éducation promet une «rentrée tranquille».

 

LE FIGARO. – Quelles sont vos priorités pour votre deuxième rentrée ?

Gilles DE ROBIEN. – Cette rentrée est placée sous le signe de nombreuses innovations. C'est la première fois depuis Jules Ferry qu'est mis en place un socle commun de connaissances que devront posséder tous les enfants à 16 ans. La réforme des Instituts universitaires de formation des maîtres permettra d'avoir des enseignants mieux préparés. Leur formation pratique doit commencer le plus tôt possible. Dès ce mois-ci, les futurs professeurs des écoles seront en stage dans la même classe toute l'année pour se frotter à la réalité du terrain.

Les syndicats annoncent une grève le 28 septembre contre les suppressions d'emplois prévues pour 2007.

Il est normal que je sois attentif à l'utilisation de l'argent des Français, alors que l'Education est le plus gros poste de dépenses de l'Etat. J'ai conscience des besoins des professeurs, de l'attention que je dois leur porter et des déclarations officielles, parfois rudes, de leurs représentants mais je sais faire le distinguo entre leur posture parfois idéologique et la situation réelle. Je peux vous dire que la rentrée 2006 sera une bonne rentrée et je m'engage à ce qu'en 2007, les élèves bénéficient du même taux d'encadrement.

Les enseignants, eux, doivent tout faire pour la réussite des élèves. Leur attachement à l'Education nationale doit se manifester par une application des programmes nationaux. Cette année, par exemple, je veux qu'on abandonne partout où elle existe encore la méthode globale ou assimilée et qu'on revienne au début de l'apprentissage de la lecture à la méthode phonique ou syllabique, le b-a-ba.

Beaucoup d'enseignants disent que ce débat est dépassé car la méthode globale ne serait plus appliquée.

C'est une posture idéologique. Je leur rappelle qu'ils sont fonctionnaires de l'Etat. Je les invite à prendre connaissance des modifications des programmes de la République. On ne peut plus admettre que 15 à 20% des écoliers arrivent au collège sans savoir bien lire et écrire. J'ai demandé que les professeurs réapprennent les lettres aux enfants puis les syllabes puis les mots et enfin la phrase et le sens. C'est la meilleure méthode, selon les scientifiques que j'ai consultés. J'assurerai personnellement le suivi de cette réforme, je vérifierai que mes instructions sont appliquées. J'ai donné des consignes aux inspecteurs d'académie et aux recteurs.

Allez-vous aussi remettre en chantier les maths et la grammaire ?

Je compte modifier l'apprentissage du calcul et de la grammaire cette année : les programmes seront changés pour 2007. En sixième, de nombreux enfants sont atteints de dyscalculie et ont du mal avec les mathématiques, même s'ils sont moins nombreux à avoir des difficultés avec le calcul qu'avec la lecture. Mais il n'est pas normal que les enfants ne sachent pas poser une division en entrant en sixième. Les quatre opérations doivent être apprises le plus tôt possible. Le calcul mental, détrôné par la calculette, doit être mis en valeur. Quant à la grammaire, elle est devenue très jargonnante. Le vocabulaire qu'utilisent certains manuels en primaire ressemble à celui de l'enseignement universitaire ! Les parents ne comprennent pas toujours ce qu'étudie leur enfant. Il faut simplifier et revenir aux fondamentaux : davantage de dictées, de leçons de grammaire et de conjugaison.

Un récent rapport de l'inspection générale doute de l'efficacité des remplacements d'enseignants ?

L'inspection s'est basée sur les premiers mois de l'année. Les remplacements ont effectivement commencé doucement, mais nous sommes désormais sur une tendance vertueuse. Nous le savons car c'est nous qui les payons ! Nous sommes passés de 500 000 heures d'absences remplacées à un million. J'ai l'ambition d'ici six mois d'arriver à ce que soient encore remplacées 500 000 heures de plus. Comme chaque année, il y a 2 millions d'heures d'absences, si nous arrivions à en remplacer 75%, ce serait un grand succès. Nous recevions chaque mois au ministère des centaines de lettres de parents qui se plaignaient des absences non remplacées : leur nombre a largement baissé.

Le classement du Point a relancé le thème des violences scolaires...

Il y a de la violence à l'école et elle n'est pas admissible. C'est pourquoi j'ai signé avec Nicolas Sarkozy et Pascal Clément une circulaire qui améliore nos moyens d'action. Je la présenterai dans le lycée d'Etampes où une enseignante avait été dramatiquement touchée l'an dernier et où je m'étais engagé à revenir. Si l'on veut briser la loi du silence, il ne faut pas stigmatiser les établissements : il faut soutenir les équipes qui font face à des situations très difficiles et il faut rappeler aux élèves qu'ils doivent respecter leurs professeurs. C'est la condition première pour pouvoir remplir la mission éducative.

''Il n'est pas normal que les enfants ne sachent pas poser une division en entrant en sixième'', a déploré Gilles de Robien.

(Le Figaro/M. Archambault).

 

L'école à deux ans attaquée par de prestigieux détracteurs

 

Des chercheurs fustigent la scolarisation précoce, tandis que les parents, eux, y sont plutôt attachés.

LE DOUDOU, le biberon et les couches-culottes ont-ils leur place à l'école ? L'éternelle polémique sur l'école à deux ans rebondit cette semaine avec la publication du livre de Claire Brisset *, l'ancienne défenseure des droits de l'enfant, et de Bernard Golse, professeur de pédopsychiatrie. Ils ont travaillé avec des chercheurs comme le linguiste Alain Bentolila, le psychiatre Boris Cyrulnik ou le pédiatre Julien Cohen-Solal.

Leur verdict est implacable : arrêtons de jeter prématurément nos bébés dans des classes surchargées, des cours de récré bruyantes où règnent déjà de petits caïds de plus de... 5 ans ! Selon les chercheurs, plus de 50% des enfants trop tôt scolarisés seraient traumatisés par l'expérience, ils deviendraient insomniaques et connaîtraient des troubles de la personnalité.

Dans les faits et pour des raisons, elles, purement financières, il y a de moins en moins d'enfants scolarisés à cet âge-là car les bébés massivement nés en l'an 2000 emplissent déjà largement les classes. Sans laisser de places à leurs petits frères et soeurs. Résultat : en 2000, 35,7% des bambins de deux ans avaient pris le chemin de l'école, ils n'étaient plus que 32% en 2003. L'année dernière, leur nombre avait chuté à 26,5%.

«C'est malgré tout le quart d'une classe d'âge, c'est trop. Nous sommes les seuls en Europe avec les Espagnols et les Belges à poursuivre cette expérience», regrette Claire Brisset.

Avant de se pencher sur le sujet, elle l'assure, elle pensait, comme le veut le bon sens populaire, que «plus on entre tôt à l'école, mieux ça vaut, surtout pour les enfants des milieux les plus défavorisés».

 

«L'école n'est pas un mode de garde»

Las, avec du recul, les rapports sur le sujet ne sont guère probants. «L'école n'est pas un mode de garde, les enfants sont 25 ou 30 par classe. Or, à deux ans, ils ont besoin de beaucoup de sommeil, d'attention, de protection et d'affection», plaide Claire Brisset.

Plus pragmatiques, agacés par la pénurie de places en crèche et, parfois désargentés, les parents, eux, chérissent cette scolarisation précoce qui a le mérite de la gratuité. «Je ne connais ni les bienfaits ni les méfaits de l'école à deux ans mais je sais en revanche que l'école est gratuite alors que la place en crèche de mon fils de 2 ans et demi me coûte 460 euros par mois», observe un père de famille qui a, en vain, tenté de scolariser son enfant dans la capitale.

Une maman regrette de son côté, que sa fille de 2 ans ne puisse profiter au plus tôt des activités éducatives de la maternelle. «Car, dit-elle, à cet âge-là, les petits ont un appétit immense pour apprendre et ce serait le moment d'en profiter.» De quoi agacer Alain Bentolila qui peste justement contre «ce temps de l'impatience» et regrette que «les parents veuillent cultiver aussitôt nés les jeunes intelligences et attiser leurs appétits artistiques». Alertons donc les bébés !

* L'École à deux ans : est-ce bon pour l'enfant ? par Claire Brisset et Bernard Golse. Éd. Odile Jacob.

 

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